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Critiques, dossiers, analyses, flashbacks... Bienvenue sur un blog consacré essentiellement aux séries télé mais également au cinéma.


Critique Looper

Publié par Jérémie Sanchez sur 22 Juin 2014, 16:30pm

Critique Looper

Si son nom ne vous dit rien de prime abord, Rian Johnson, c’est que jusqu’ici ses réalisations n’avaient pas volé bien haut. Il a cependant réalisé 3 épisodes de Breaking Bad (le cultissime épisode sur la mouche, c'est lui). Ici Jonhson revient avec ce qui pourrait être ce qui s’est fait de mieux en termes de dystopie depuis Les fils de l’homme d'Alfonso Cuaron.

 

Dans un futur proche, la Mafia a mis au point un système infaillible pour faire disparaître tous les témoins gênants. Elle expédie ses victimes dans le passé, à notre époque, où des tueurs d’un genre nouveau (les "Loopers") les éliminent. Un jour, l’un d’entre eux, Joe, découvre que la victime qu’il doit exécuter n’est autre que… lui-même, avec 20 ans de plus. La machine si bien huilée déraille…

Looper commence donc tel un Terminator de Cameron avec une voix off posée qui nous prend par la main pour nous exposer le contexte et le concept du film, tel qu’un futur imparfait, noir et bien violent. Dès le début, le metteur en scène ne nous prend pas en traîtres et nous expose clairement que ce n’est pas un film qui traitera de la science des voyages dans le temps. Tout les réalisateurs le savent que trop bien, aborder le thème du voyage dans le temps c’est aller au casse-pipe. Ici le voyage dans le temps est perçu et vu d’une manière glorifiée et reservée aux mafieux afin de se débarrasser des parasites. Pas très folichon de prime abord. Aucunes promesses scientifiques, de grandeur ou de tralala scénaristique.

D’ailleurs le concept du voyage dans le temps abordé par Looper est complètement assumé par son réalisateur, avec une réponse qui nous ai clairement et textuellement adressée pendant la scène entre Bruce Willis et Joseph Gordon-Levitt : qu’ils ne sont pas dans ce Diner (restaurant américain) pour débattre 107 ans des paradoxes temporels, (indéniablement liés au thème du film) et qu’ils seraient encore assis sur ces canapés un an plus tard.  Comme déjà abordé plus haut, Johnson est tout à fait au courant de la cour dans laquelle il joue. D’ailleurs, toute incohérence potentielle, est malgré tout inévitable dès lors qu’on joue avec les voyages dans le temps, mais elle est assumée d’emblée par le titre du film lui-même. Ce principe de boucle bouclée se retrouve dans tout le film et permet de passer sur les maladresse de narration. C’est donc principalement sur la séquence de l’arrivée de Bruce Willis que repose tout le film. Ici Johnson résout avec brio la question de son apparition et le dédoublement de cette scène, clé. Grâce à un très bon montage on arrive sur 30 ans de vie de Joe vieillissant en l’espace de 3 minutes.

On pourrait penser d’abord que c’est une erreur de montage, mais non. En prenant le parti d’un temps bouclé, que la vie est un cercle, évitant ce qui a été vu et revu avec l’option des parallèles possibles, souvent à l’origine d’un amas sans queues ni têtes, Rian Johnson aborde de manière intelligente et sobre, le principe du paradoxe temporel.

Looper est un film en deux temps. Le premier ou l’action et la mise en situation des personnages dominent. Puis lorsqu’intervient Bruce Willis, on a droit à un second temps, celui ou les personnages évoluent et ou les émotions se révèlent. De nombreux rebondissements permettent au spectateur de toujours rester sur le qui-vive, et amènent de la richesse à l’histoire. Il est intéressant également de noter qu’il n’y a pas de gentils dans Looper. On retrouve ici un peu de Tarantino, ils sont tous plus ou moins pourris, et trainent un lourd fardeau que l’on veut découvrir.

Mais l’aspect le plus important et le plus sous jacent du film, c’est qu’il pose la question de savoir si on peut et/ou comment justifier un mal pour un bien. Looper n’en donne pas une, mais plusieurs réponses qui peuvent être horrifiantes ou émouvantes, et donc qui sont bouclées à nos actions. Grâce à ça on peut avoir droit à de très belles scènes qui sont possibles seulement parce qu’elle s’inscrivent dans ce concept de boucle dans le temps. D’ailleurs la résolution du film est loin de ce qu’on pourrait imaginer au début du film.

Johnson compose avec cette fin, un climax détonnant puisqu’il casse quelque part la boucle dans laquelle s’était enfermée la société en 2044. Malgré l’aspect brut de décoffrage, sale et urbain, Looper passe du western à la science fiction, du film social au film noir, et  jongle avec une certaine aisance avec les genres. Rian Johnson réussit le tour de passe de passe, de  commencer son film à la Terminator et de terminer en plaidoyer sur l’importance de l’éducation.

Côté casting, le film ne serait pas le même sans ces bons acteurs. Joseph Gordon-Levitt est bluffant dans son mimétisme de Bruce Willis. On retrouve les même mimiques, les mêmes mouvement de tête ou par moment, les mêmes regards.Si bien que même ce dernier en à même eu peur. Les 3 heures de maquillage quotidienne y sont également pour quelque chose…On sent également un Bruce Willis très à l’aise dans son rôle, et la symbiose avec son alter-égo se fait de manière quasi naturelle. Emily Blunt, quand à elle, est toujours aussi sublime.

Avec 30 millions de dollars de budget, Looper n’est pas un film parfait, il a quelques maladresses mais c’est un film qui ose, qui fait preuve d’originalité, et de richesses. Trop de bonnes choses qui dispensent de pinailler dans le fond comme dans la forme. Côté technique, le film n’est pas révolutionnaire, mais les cadres sont propres, la photo est très belle. Concernant le montage, c’est là ou Rian Johnson frappe fort, il est très bon, dans la lignée du schéma scénaristique voulu par le réalisateur.

 

Looper est un film complexe qui vous demandera une certaine réflexion. Rarement un film ne m'avait trituré l'esprit depuis Inception en 2010. Certainement l'une des plus belles réussites de 2012 et un film que je vous conseille grandement (comme à chaque fois).

 

 

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N
moi il ne m'avait pas plu plus que ça
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J
Pourquoi ? :)

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